L'auberge Espagnole

Alors Alice, contente d'être revenue à Tahiti ?
Oui je comprends, ça doit faire un choc d'être revenue ici, tu dois être tellement heureuse de retrouver tous tes repères.

NON. Moi je ne voulais pas partir d'Albacete, pas partir de l'Espagne. Je me suis habituée à entendre parler les gens en espagnol, à parler moi même en espagnol. A ne pas parler français deux jours par semaine car je ne vois pas mes amies de Tahiti. Non j'avais mes repères à Albacete, et même à Alicante. Non je ne suis pas contente d'être de retour. Je veux retourner en Espagne, et je veux continuer ma vie là bas. Oui je sais que ce ne sera pas la même chose. Que mes amis erasmus ne seront plus là. Oui ça me rend vraiment triste de savoir que je ne sais même pas quand je reverrais certains d'entre eux. Non, ne t'inquiète pas, je suis encore plus amoureuse de la Nouvelle Zélande et c'est encore et toujours là bas que je veux faire ma vie. Mais je veux profiter, voyager, découvrir, aimer, m'amuser, rencontrer, et faire ces multitudes de choses que nous réserve l'âge de la vingtaine.

J'aime l'Espagne, j'aime ma vie en Espagne.
Oui jeune Erasmus, tu aimeras toi aussi ta vie en Espagne. Tu apprendras qu'ici les gens ne dorment pas beaucoup. Qu'ils sont capables de se coucher à 5h du matin, de se lever à 9h, de déjeuner à 14h et de dîner à 21h. Non ne t'inquiète pas, tu ne sortiras pas tous les soirs. Mais n'oublie pas que le jeudi, c'est soir de fête. Botellon partout, et tous les étudiants sortent car le weekend, ils doivent rentrer au bercail. Dans leurs pueblos quoi. Et il y a aussi ceux qui tiendront le choc, ceux qui sortiront toute la nuit, et qui travailleront jusqu'à 21h. Mais eux, n'oublie pas, ce sont des étudiants de médecine. Et toi, ne l'oublie surtout pas, tu es erasmus. C'est vrai, tu dois étudier. Mais profite aussi, car cette expérience ne se représentera pas deux fois. Choisis toi tes amis dans le groupe Erasmus, ceux avec qui tu t'entends le mieux et avec qui tu seras toujours. Essaie de t'intégrer parmi les Espagnols. Oui ils sont compliqué. Lorsqu'ils te verront approcher, ils se diront "A quoi bon faire ami avec lui ? Il partira dans six mois, au plus tard dans un an. Pourquoi se fatiguer le coeur à rencontrer des gens qui te quitteront dans si peu de temps ?". Mais d'autres espagnols auront une autre vision de l'amitié. Et ces autres espagnols constitueront plus de 70% des gens que tu rencontreras. Alors même si tu rencontres des barrières, n'abandonne pas. Apprends à parler comme eux, apprends ces mots que tu n'aurais jamais appris au lycée.

Chez toi, ce sera le bordel. Toujours. L'auberge Espagnole tu connais ? Tu connaîtras des Italiens, des Portugais, des Brésiliens, des Péruviens, Boliviens, Polonais, Belges, Mexicains, Chiliens, Argentins, Anglais, Allemand, Danois, etc. Ce sera une sacrée tortilla internationale. Ce sera ton aventure. Et faudra pas que tu l'oublie quand tu seras rentré dans ton petit chez toi. Et cette aventure te suivra toute ta vie. Et toute ta vie, voyageur que tu es, tu voudras de nouveau revivre des expériences comme celles là. Car si ton bordel est aussi dans ta tête et dans ton coeur, alors tu es comme moi. Tu ne sais pas à quel pays tu appartiens. Tu ne sais pas où tu vas. Tu sais une chose : tu veux voyager, découvrir, profiter, rencontrer, aimer. Tu n'as pas d'attache, tu es libre de tout.

Et ça, personne ne pourra te l'enlever.
La famille Erasmus, c'est le meilleur qui puisse t'arriver.
Alors profite !

(et pis maintenant je m'appelle Alicia...)